Un Bain, Une histoireUne maman qui , portant la vie une seconde fois, s’interroge.
Aimera-t-elle ce bébé autant que son premier, ce petit garçon qu’elle a deja avec qui elle partage une relation fusionnelle ?La grossesse se déroule bien sur le plan physique, mais émotionnellement, c’est un peu difficile ,
Les transformations du corps, la prise de poids, l’image de soi qui change… autant de pensées qui s’entremêlent.Elle se rend compte qu’elle a peu parlé à son bébé, qu’elle a rarement touché son ventre.
Le papa non plus.
Pris dans le tourbillon du quotidien, les préoccupations des travaux, cette grossesse s’est vécue avec une certaine distance, une mise à distance inconsciente.Un accouchement qui , marqué par une péridurale si forte, a coupé les sensations .
Le passage de ce bébé n’a pas été ressenti. Un accouchement sans ancrage, sans cette vague de puissance que l’on accompagne, qui permet d’accueillir pleinement son enfant dans l’effort et la rencontre.
Elle était là, et pourtant… sa maman n’a pas pu la sentir arriver.Un grand frère qui , plein d’amour et d’excitation, n’a pas pu la rencontrer tout de suite.
Malade et contagieux, il a été tenu à l’écart. L’attente prolongé de ce premier contact, ce premier regard, ce premier toucher avec son frère . Encore une distance inconsciente, involontaire…Un bébé qui , dans ses premières semaines, était calme .
Un bébé observateur. Puis peu à peu, quelque chose a changé.
Des reflux qui apparaissent, son sommeil de jour devient plus difficile. Elle cherche le contact, elle veut être portée, bercée, tétée plus souvent.
Comme si quelque chose, en elle, demandait à être entendu.un cadeau de naissance : un bain émotionnel
et quel bain !!! un bain bouleversant pour cette maman
Que nous raconte ce bébé lors de son bain émotionnel ? Que veut-elle nous dire ? Premier bain :
Au contact de l’eau, elle se détend. Son corps flotte, bercé doucement. Puis elle se cambre, cherche à se jeter en arrière, à être totalement dans l’eau , à enfuir son visage contre le bord de la baignoire.
Elle veut s’immerger, elle essaie… mais à chaque fois, elle remonte aussitôt. Comme un élan qui s’arrête, une hésitation entre plonger et retenir.
Ses pieds poussent fort, elle tente de se retourner comme lors de la naissance. Son corps exprime un besoin de mouvement.
Puis viennent les pleurs…intenses, profonds.
Rien ne l’apaise, ni la tétine…
Nous respectons son émotion, nous accompagnons ses pleurs et nous arrêtons le bain .
Sortie de l’eau, blottie contre sa maman, elle trouve enfin du réconfort au sein.
Avec la maman, nous échangeons encore .
Cette grossesse vécue à distance. Ces doutes vécus lors de la grossesse d’aimer ce bébé autant que le premier .
Ce lien qui ne s’est pas pleinement tissé.
Cet accouchement où son bébé est sorti, mais où elle n’a pas pu la sentir venir.
Une naissance où l’accompagnement physique a manqué.
puis ….un Deuxième bain :
Cette fois, elle s’accroche. À mes doigts, à mes mains. A ceux de sa maman.
Elle accepte la tétine, qu’elle avait toujours refusée jusqu’ici. Elle tète, longuement, et ne peut pas s’en séparer .
Elle cherche encore à enfuir son visage contre le bord de la baignoire, comme pour retrouver une enveloppe protectrice.
Elle veut s’immerger, cette fois encore, mais c’est encore difficile. encore de l’hésitation …
Nous prenons le temps.
Nous l’accompagnons avec douceur, à son rythme.
En position de Bouddha, recroquevillée, elle semble vouloir rentrer dans le bord de la baignoire, comme si elle cherchait un cocon.
Puis un changement s’opère.
Petit à petit, elle lâche prise. Les tensions se dissolvent …se relâchent…
Elle s’immerge, , plonge ses yeux dans l’eau, cherchant l’autorisation de sa maman avec son regard …
Son corps s’abandonne, elle s’endort, apaisée, comme transportée dans un ailleurs. Un second état de plénitude totale…
Que voulait-elle nous dire lors de ce bain ?Peut etre un besoin de fuir une mémoire de solitude et d’absence de lien:
Le fait qu’elle cherche à s’enfouir le visage contre le bord de la baignoire, qu’elle veuille se jeter en arrière ou s’immerger mais sans passer complètement le cap, montre un conflit entre un besoin de fuir ce moment et une peur de lâcher prise.
Durant la grossesse peut-être a-t-elle ressenti un sentiment « d’abandon » , une difficulté à trouver sa place .
elle exprime un besoin de contact fort (agrippement aux doigts, succion de la tétine intense.)
« J’ai ressenti un isolement profond, je ne savais pas où aller, comment me relier. Mais je ne suis pas sûr d’être prête à aller vers ce lien maintenant. »Une naissance sans accompagnement et un sentiment d’incomplétude:
La péridurale trop forte a empêché la maman de sentir son bébé descendre et d’accompagner activement sa naissance.
Pour ce bébé cela peut être perçu comme une arrivée au monde sans guide , comme si elle devait venir seule, sans soutien maternel.
Dans l’eau, elle pousse sur ses pieds, tente de se retourner, mais semble « bloquée » à un moment : comme si elle voulait revivre sa naissance différemment, mais qu’il lui manquait encore un accompagnement rassurant pour aller au bout du processus.
Elle finit par pleurer intensément, signe d’un trop-plein émotions : elle revit un moment où elle aurait eu besoin d’aide, de guidance, mais où elle s’est sentie seule.
« Je voulais que ma maman m’accompagne dans ma mise au monde, mais je n’ai pas senti sa connexion physique avec moi lors de la poussée. Je ne sais pas si je peux me laisser aller maintenant. »Un lien qui n’a pu se faire tout de suite avec son frère et une place à trouver dans la famille:
lors de la grossesse , cette peur de cette maman de ne pas réussir à donner autant d’amour à ce nouveau bébé , peut avoir inconsciemment créer des doutes et fausses croyances à cette petite fille
Le grand frère n’a pas pu voir sa petite sœur à la naissance car maladie contagieuse, ce qui a créé une rupture de lien dès le début.
cette petite puce peut ressentir inconsciemment ce manque de lien avec son ainé et ne pas se sentir pleinement accueilli dans la fratrie.
Son hésitation à immerger les yeux peut symboliser une peur de retourner dans ce cocon de la grossesse où elle a pu ressentir des émotions difficiles
« Je ne sais pas si j’ai le droit d’être là, si je vais être aimée comme mon grand frère , si j’ai vraiment une place. »Evolution lors du deuxième bain : un besoin de lien et de sécurité:
Cette fois, elle s’accroche aux doigts, elle ne veut plus être seule
Elle tente toujours d’immerger les yeux, mais cette fois en douceur, en se laissant plus guider. Elle veut traverser cette étape, mais a besoin d’un cadre rassurant.
La tétine devient un support d’apaisement qu’elle n’accepte pas avant : elle cherche une source de réconfort stable et constante.
Elle finit par lâcher prise, s’endormir, immerger les yeux , ce qui montre un véritable relâchement des tensions et une acceptation de ce qui est.
« Je peux enfin me laisser aller, je peux être en sécurité et accompagné. »
Le bain émotionnel est bien plus qu’un bain. C’est un espace où le corps parle, où les mémoires se libèrent, où le lien peut enfin se tisser avec des mots .
un bain ,une histoire